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5 mars 2024 2 05 /03 /mars /2024 16:51
Bal à Vienne en 1900 autour de François-Joseph

Bal à Vienne en 1900 autour de François-Joseph

Au tournant du siècle dernier, Vienne, la capitale autrichienne, a été le foyer d'une effervescence intellectuelle, culturelle et artistique sans précédent. Dans ce bouillonnement créatif, un écrivain émergea comme l'une des figures emblématiques de cette époque : Stefan Zweig. Son nom est devenu synonyme de la Vienne dorée, une période caractérisée par une explosion de la pensée, de l'innovation et de l'expression artistique.

 

Né en 1881 dans une famille juive aisée, Zweig a grandi dans le climat culturellement riche de Vienne. La ville était alors le centre névralgique de la vie intellectuelle européenne, attirant des esprits brillants de partout, des écrivains aux artistes, en passant par les scientifiques et les philosophes. C'est dans ce contexte stimulant que Zweig a développé sa passion pour la littérature et la philosophie, trouvant son inspiration dans les rues animées et les cafés emblématiques de la ville.

 

Zweig était non seulement témoin de cette époque de progrès et d'innovation, mais il en était aussi un acteur majeur. Ses écrits ont capturé l'essence même de la Vienne du début du XXe siècle, offrant une fenêtre sur la vie et la culture de cette époque. Ses œuvres, qui comprennent des romans, des nouvelles, des essais et des biographies, sont imprégnées de la sensibilité de cette période.

 

Ses romans explorent les complexités de l'âme humaine et offrent des observations perspicaces sur la société viennoise. Zweig était un maître de la psychologie, capable de dépeindre les émotions les plus subtiles et les dilemmes moraux les plus profonds avec une précision impressionnante.

 

En plus de son talent d'écrivain, Zweig était également un fervent défenseur de la paix et de la coopération internationale. Il croyait en la capacité de la littérature à transcender les frontières et à promouvoir la compréhension entre les peuples. Malheureusement, son optimisme fut ébranlé par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, le conduisant finalement au suicide en 1942, désespéré face à la montée du nazisme et à l'effondrement de l'Europe qu'il aimait tant.

 

Pourtant, l'héritage de Zweig perdure, en particulier à travers ses écrits intemporels qui continuent de captiver les lecteurs du monde entier. Et bien que la Vienne dorée qu'il a si brillamment décrite puisse appartenir au passé, son esprit demeure vivant dans les pages de ses livres, offrant un éclairage précieux sur une époque révolue mais jamais oubliée. En revisitant l'œuvre de Zweig, nous sommes transportés dans un monde de grâce et de beauté, où les rues de Vienne résonnent encore des voix des génies qui les ont jadis foulées.

 

Guy Gabriel Ouazana

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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 14:10
La poétesse mélancolique.

En 1902, un Stefan Zweig oscillant pour son avenir entre poésie et écriture de romans et nouvelles, découvre la poésie de Marceline Desbordes-Valmore. Célébrée tardivement par de nombreux auteurs français de premier plan, Zweig se joint à ce cortège d’admirateurs et décide d’écrire une biographie rendant un juste hommage à la poétesse.

 

Née à Douai en 1786, la petite Marceline Desbordes connait une enfance marquée par la pauvreté et le déracinement. Sa passion pour la littérature s'éveille dès son plus jeune âge.

L’art est très présent dans la famille. Le père fait de l’artisanat d’art et l’oncle est peintre. Malheureusement, à cause de la révolution les commandes se font rares. De l'opulence tranquille la famille plonge dans la pauvreté et l'indigence.  La maman décide de solliciter un parent éloigné en Guadeloupe mais l’argent manque pour effectuer ce voyage de la dernière chance.  Deux années de mendicité ont été nécessaires pour réunir l’argent de la traversée.

La mère, déterminée à faire sortir sa famille de la misère, est de plus en plus faible, ses forces déclinent et c’est Marceline qui va devoir prendre le relais. Mais le malheur les poursuit comme une ombre. Au retour, le petit pécule ramené dans une valise est pris comme paiement du voyage. Toutes ces expériences amères vont finir d’endurcir son cœur.

 

En 1817, elle épouse l'acteur Prosper Valmore et s'installe à Paris. C'est là qu'elle commence à publier ses premiers poèmes, empreints d'une sensibilité et d'une musicalité uniques. Son talent est rapidement reconnu par ses contemporains, dont Lamartine et Hugo.

 

L'œuvre de Marceline Desbordes-Valmore est profondément autobiographique. Elle explore les thèmes de la maternité, de la perte et du deuil avec une sincérité bouleversante. Sa poésie, souvent teintée de mélancolie, est également traversée par des élans de passion et d'espoir.

 

Outre l’écriture de romans, de nouvelles et des contes pour enfants, parmi les recueils de poèmes les plus importants, on peut citer :

Élégies et poésies nouvelles (1824)

Les Pleurs (1833)

Pauvres fleurs (1839)

Bouquets et Prières (1843)

 

Elle meurt à Paris en 1859, laissant derrière elle une œuvre riche et intemporelle qui continue à influencer bon nombre de poètes.

 

Guy Gabriel Ouazana

 

Guy Gabriel Ouazana

Guy Gabriel Ouazana

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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 07:13
Stefan Zweig et le judaïsme.

Stefan Zweig dont quelques œuvres sont légèrement imprégnées de thèmes juifs, n’a jamais été religieux lui-même. Sa littératie, au départ de son parcours d'écrivain, se cultive dans le milieu des arts pour lequel il se passionne très vite.   

 

Issu d‘une famille juive, bourgeoise et non pratiquante, à la faveur de ses multiples fréquentations, il s’est identifié totalement à la culture européenne. Preuve en est, il se rend en Allemagne pour y étudier et écrire sa thèse de doctorat de philosophie.

 

Avec la montée du national-socialisme, il s’est engagé (mollement semble-t-il) contre l'antisémitisme. En revanche, son plaidoyer en faveur de la tolérance et de l'humanisme n’a jamais faiblit. Et après de nombreux voyages à travers l'Europe et sa rencontre avec d'autres intellectuels et artistes juifs, il fait enfin connaissance avec le judaïsme sans y adhérer véritablement. 

 

Certains de ses écrits traitent directement de thèmes juifs, comme Le joueur d’échecs, qui met en scène un champion d'échecs juif persécuté par les nazis. Dans d'autres œuvres, l'influence juive est plus prégnante comme le prouvent les nouvelles : Rachel contre D.ieu, Le chandelier enterré, Dans la neige, Le bouquiniste Mendel. Il a également écrit une pièce de théâtre sur le prophète Jérémie.

 

Bien que Stefan Zweig n'ait pas été religieux, sa culture plus que son identité juive a eu une influence sur sa vie et sur son œuvre. Il s’est très vite exilé pour échapper à la folie du nazisme, conseillant à ses amis écrivains juifs d’en faire autant.  

 

C’est en tant que citoyen du monde que Stefan Zweig tire sa révérence en 1942.

 

Guy Gabriel Ouazana

 

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7 mars 2024 4 07 /03 /mars /2024 15:13
Sigmund Freud et Stefan Zweig : Conseils intemporels pour la vie.

Stefan Zweig, admirateur inconditionnel du travail de Freud, entretint une relation amicale et surtout intellectuelle avec le psychanalyste pendant plusieurs années. Leurs lettres échangées reflètent un profond respect mutuel et une curiosité incessante pour les idées de l'autre. Leur correspondance, riche en discussions sur la psychologie, la littérature et la vie elle-même, offre des aperçus précieux sur les pensées et les conseils intemporels pour la vie.

 

La quête de la vérité intérieure : Freud a souvent encouragé Zweig à explorer les profondeurs de son moi intérieur. Dans ses lettres, il soulignait l'importance de l'introspection et du dialogue avec soi-même. Pour Freud, la véritable compréhension de soi-même était la clé du bonheur et de l'épanouissement.

 

Affronter les ténèbres de l'inconscient : Le concept freudien de l'inconscient a fasciné Zweig, qui y voyait une source d'inspiration infinie pour son écriture. Freud lui a conseillé d'explorer les recoins sombres de l'âme humaine, affirmant que c'est là que résident souvent les vérités les plus profondes et les plus troublantes.

 

Accepter les conflits intérieurs : Freud a conseillé de ne pas craindre ces luttes, mais plutôt de les embrasser comme des aspects inévitables de la condition humaine. Selon Freud, la résolution des conflits intérieurs était essentielle pour atteindre la paix intérieure.

La puissance libératrice de l'art : En tant qu'écrivain, Zweig était particulièrement sensible à l'impact de l'art sur la psyché humaine. Freud partageait cette conviction et a encouragé Zweig à exploiter le pouvoir libérateur de l'art pour son propre bien-être mental. Pour Freud, l'expression artistique était un moyen de sublimer les tensions internes et de trouver un soulagement dans la création.

 

En conclusion, on peut affirmer que leur correspondance est un témoignage intemporel de l'importance de l'amitié, de la compréhension de soi et de la quête incessante de vérité. Même des décennies après leur échange, les conseils de Freud à Zweig résonnent toujours comme des vérités universelles, éclairant le chemin vers une vie plus éclairée et plus épanouissante.

Haut du formulaire

Guy Gabriel Ouazana

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15 mars 2015 7 15 /03 /mars /2015 15:49
Stefan Zweig et Cicéron, des œuvres pour héritage.

L’écrivain autrichien dans ses « Très riches heures de l’humanité » dévoile à travers une fresque miniature, quelques aspects du portrait du grand rhétoricien. 

Mais pour ceux qui pensent que le personnage choisi est un miroir du biographe, on peut noter malgré tout, quelques dissemblances. L’un est trop démocrate, trop européen, trop libéral dans une Vienne en fusion par l’émergence des nationalistes, alors que l’autre est un orateur trop républicain, trop noble et trop intègre pour être encore un politicien digne de ce nom dans une Rome usée, livrée à toutes sortes d’intrigues et à la guerre civile. 

Mais au-delà de ces différences de circonstance, tous deux ont assisté impuissants, à la ruine des valeurs démocratiques et à l’émergence d’un système totalitaire sanguinaire. Tous deux ont vu des fous, ivres d’hégémonie et de domination, prendre le pouvoir, répandre la terreur et mener le monde à la ruine et les peuples à la destruction. Zweig qui a consacré sa vie à un idéal intellectuel, cosmopolite instruit du monde et instruisant le monde, a magistralement miniaturisé ‘ces figurines historiques’ actrices sur la grande scène de l’Histoire.

Dans le même esprit que Cicéron, Zweig est plongé dans un éternel et irréel rêve de paix, grâce à la compréhension des autres et à la conciliation auxquelles le porte sa nature profonde.

Malheureusement, le pouvoir de la parole a échoué face aux événements. Comme Cicéron, Stefan Zweig ne connaîtra jamais cette république idéale. Ces esprits, apôtres des libertés et de la morale, se sont un temps évaporés. La tragédie de ces hommes d’esprit, de ces penseurs de renom, est leur incapacité à s’investir dans l’action le moment venu. 

Toutefois, dans l'histoire, il se produit parfois des événements d’une dimension tragique telle, qu’il est vital de trouver un refuge pour nos âmes. Et que nous reste-t-il, sinon l’immanence des nobles esprits, drapeaux de la liberté, qu’on retrouve dans leurs livres, pour nourrir nos espoirs et nous instruire des développements ultérieurs du monde.

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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 15:13

Stefan Zweig appartient à cette race d'hommes intègres, dévoué à l’art et à la paix, comme en font foi ses correspondances avec tout ce que son époque compte d’humanistes de premier plan. Il mûrit, s’imprègne de la haute société européenne cosmopolite et prend petit à petit ses distances avec l’atmosphère bourgeoise autrichienne.

 

Avec sa prodigieuse érudition, l’écrivain viennois offre au grand public une belle substance, mélange de science et d’histoire et en quelque sorte, libère ce qui était resté la propriété d’un cénacle d'érudits.

 

Avec clarté, précision et méthode irréprochables dans la documentation, il fait de ses biographies un plaisir ininterrompu. Il démêle et résout  avec dextérité les énigmes des personnalités parfois sombres et souvent mystérieuses, que nous les profanes, avions abandonnés dans des tiroirs hermétiques.

 

Il rédige des biographies sur Balzac, Montaigne, Romain-Rolland,  Joseph Fouché,  Marie-Antoinette, Marie Stuart, Erasme de Rotterdam, Sébastien Castellion, Marceline Desbordes-Valmore, Magellan, Emile Verhaeren.

 

Il publie des essais et des biographies historiques sur Casanova, Tolstoï et Stendhal, sur Mesmer, Mary Baker-Eddy et Sigmund Freud, sur Hölderlin, Kleist et Nietzsche, sur Dostoïevski et Dickens, Amerigo Vespucci.

 

Il écrit des miniatures historiques sur Vasco Núñez de Balboa, Cicéron, Haendel. 

 

Ces ouvrages ne sont pas le produit d’un historien froid qui analyse des faits pour leur donner un sens, mais d’un auteur raffiné, à la sensibilité exacerbée, qui, par la finesse des détails et la subtilité des descriptions psychologiques, révèle autant qu’il se révèle.

 

Stefan-lotte-Zweig.jpg

 

Stefan Zweig a produit une œuvre aussi abondante qu’éducative, qui, à l’instar de celle des plus grands, résiste remarquablement à l’épreuve du temps.

 

Guy Gabriel Ouazana              

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 18:11

Un des multiples talents de Stefan Zweig était celui de poète. Cette aptitude remarquable au lyrisme a marqué le tout début de sa carrière d’écrivain.

Fréquentant très tôt le prodige Hugo Von-Hofmannsthal et le talentueux Rainer-Maria Rilke, il étudia Goethe qu’il considéra comme le maitre absolu. Zweig n’hésita pas à qualifier les vers de « l'Elégie de Marienbad » comme les versets les plus purs sur le sentiment de dévotion et d'amour jamais écrits en langue allemande.

 

En revanche, même si le néo-romantisme lui allait bien et réhabilitait cette aspiration d'un l’idéal qui lui était cher, Zweig avait le noble sentiment de faire davantage œuvre utile en traduisant ceux qu’il considérait infiniment plus grands et plus fertiles que lui.

 

Ainsi, au terme d’un travail acharné, les lecteurs de langue allemande ont pu découvrir avec bonheur le grand poète Belge Émile Verhaeren.  Zweig paracheva de belle façon cette période en traduisant Baudelaire et Rimbaud.

 

Poèmes publiés et traductions: *

 

Boutons de rose (Rosenknospen) Deutsche Dichtung - Berlin 1898

 

Recueil de poèmes - revue naturaliste Die Gesellschaft - Vienne - 1900

 

Anthologie des meilleurs poèmes, Monographie sur Verlaine

                                                                                Journal Dichtung - 1902

 

Baudelaire avec camill Hoffmann  (Gedichte in Vers und Prosa)

                                          Münchner Allgemeine Zeitung - Leipzig – 1902

 

La nuit des grâces  - suite de 10 sonnets - 1902

 

Poèmes choisis d'Emile Verhaeren  (Ausgewählte Gedichte) Berlin - 1904

 

Les Guirlandes précoces ou Couronnes Précoces ou les Jeunes Couronnes

                                                                   (Die frühen Kränz) -  Leipzig - 1906

 

 (Hymnen un Leben Das) Deutsche Nachdichtung Von Stefan Zweig

                                                                                 Poems Emile Verhaeren 1912

 

 (Die gesammelten Gedichte) Collected Poems - Leipzig & Londres1924

 

* Comment lire la bibliographie: Titre en gras pour les parutions françaises, entre parenthèses le titre original, le support de publication,  le lieu et la date de la première publication. 

  

Poèmes

 

Stefan Zweig - Bruges

La paix du soir descend sur la ville tranquille,
Sur les canaux le sang rouge du soleil coule,
Et un désir ardent, sans but, inexprimable,
Commence alors à parler des grises tours.

Profondes, merveilleuses, les vieilles cloches chantent
Les jours où leur cri de joie émouvait tout le pays,
Et où la magnificence et la vie étaient dans les rues claires
Et où le cœur du port brûlait joyeux comme un flambeau,

Les jours riches, splendides, depuis longtemps éteints,
Et telles choses qui depuis lors sont restées
Dans le lointain comme de doux rêves d’enfant.
Le dernier ave se tait… Et son chant meurt lentement
Et frémit en accords doucement sanglotants.

Le vent du soir traîne encor doux les derniers sons,
Et triste l’écho erre dans les rues défuntes
Qui, toutes, sont silencieuses et craintives de douleur,
Tel un enfant aveugle qui abandonne soudain la main du guide.

Un couple de cygnes effleure l’eau calme.
Le flot léger chuchote et doucement vibre, frémissant
D’une belle femme qui jadis était Reine
Et dont la tristesse solitaire a pris le deuil des nonnes…

 

Stefan Zweig - Île tranquille

J’entends, par-dessus les campagnes,
Planer les cloches du pays
Et déjà je ne peux plus voir
Les contours des tours rondes.

La nuit, la mer, deux rubans bleus
Qu’ornemente l’or des étoiles,
Ont roulé dans leurs plis
Les bords de l’île.
Tout s’éloigne,
Tout se coule dans le silence.
Près de ma bouche,
Muets, les vents se penchent.

Tout cela qui m’échappe,
Me parait éloigné et comme sans retour :
Les collines brunes, la mer flamboyante,
Les arbres qui bougent le long du port.
Les cloches qui sonnent par-dessus l’eau.
Et je suis déjà prêt,
Dans l’obscurité qui s’épanche menaçante,
À aller avec eux,
Seul dans le soir,
Avec ma solitude qui pèse.

Une timide mélodie
S’en vient des métairies
Entre les collines qui, dans le soir,
D’un léger pas pénètrent

Doucement oppressé, j’écoute
Comment dans les Ténèbres
Les enfants prient Dieu,
Pour dormir et rêver de doux rêves.

 

sz-poete.jpg

 

 

Hommage à Stefan Zweig (Erinnerungen)

Avec ton visage de porcelaine blanc et plein d’éclat,

Ton regard de poupée triste et tes yeux noirs, profonds et mats ;

Tu es un romantique, et  tu as vécu pour un idéal ,

Dans ton château de rêves, où l’arbre a poussé

Grâce à ta puissante sève, il a grandi dans ta lumière

A affronté des temps amers.

Tu es la branche portant les feuilles

Qui ont applaudi ton succès, et pleurent ton décès.

Tu as vécu et tu as ri, tu as pleuré et expiré

Et ton destin provoqué. Repose en paix, poète,

Avec celle qui t’a suivie dans tes méandres insondables

Si loin de ton pays, où tes pensées t’ont vu naître,

Où tu as fleuri et grandi dans les cœurs, et où te portent en terre tes amis.

 

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 08:33

presse 1

 

 

Richard Strauss et Stefan Zweig s'admiraient et se respectaient. C'est donc tout naturellement que Strauss demanda à Zweig l'écriture d'un livret pour son opéra  ‘la femme silencieuse’. Ce fut un immense succès, malheureusement arrêté prématurément par le régime nazi. Il leur était intolérable que le nom d'un juif soit toujours sur l'affiche malgré les sévères injonctions faites à Richard Strauss de se débarraser de son librettiste.

 

Georges Werler, le metteur en scène de la pièce « Collaboration » déclara :

"Il y a des auteurs qui sont fraternels tant leur œuvre vous est proche et vous parle au plus profond de votre être. Il y a des pièces dont la lecture vous bouleverse tant, qu'on ressent comme un besoin d'urgence à s'en emparer à les monter et à les offrir au public".
Quand Michel Bouquet, il y a un an, m'a donné le manuscrit de « Collaboration », il m'a dit avec cette inflexion malicieuse de sa voix que je connais bien « ça devrait t'intéresser » !

 

En effet, la lecture a été un coup de poing dans la poitrine d'une violence inouïe. C'est un phénomène si rare que j'en suis encore stupéfait. L'auteur raconte l'histoire de la création en 1935 de « La femme silencieuse », opéra d'humour et de légèreté, née de la rencontre de deux géants de la musique et de la littérature dans une Allemagne gangrenée par la lèpre hitlérienne. Tout cela remuait et faisait remonter en moi avec force tous les problèmes qui m'agitent et me troublent depuis toujours."

 

la-femme-silencieuse.jpg 

 

Ronald Harwood (l’auteur) affirme que c'est une histoire d'amour. Je l'entends bien. Les deux artistes éprouvaient l'un pour l'autre une amitié et une admiration sans faille. Mais c'est une histoire d'amour qui est accompagnée par le chant terrible des bottes sur le pavé et par la folie des hurlements nazis. Deux immenses artistes de notoriété internationale, adulés, fêtés, honneur de l'Allemagne pour le premier, de l'Autriche pour le second, et finalement massacrés par la haine et la bêtise. Tout est historiquement vrai dans « Collaboration », hors quelques détails dont le thème semble hanter l'œuvre entière de l'Auteur : la création dans un climat d'apocalypse. L'art et la politique, attirance et répulsion mêlées.»

Magistrales interprétations de Richard Strauss par Michel Aumont et de Stefan Zweig par Didier Sandre.

 

presse 2    se de la pièce de théâtre :  

Années 1930. On est en Bavière, dans la villa de Richard Strauss. Le maître est désemparé, son librettiste favori, Hugo Von Hofmannsthal, vient de mourir. Sans grand espoir, il va proposer une collaboration à Stefan Zweig, qu'il admire profondément. Vont naître une amitié et une complicité artistique sans faille dont le premier fruit sera l'opéra « La Femme silencieuse », créé à Dresde en 1935. Mais cette promesse va être anéantie par la montée en puissance du nazisme. Zweig est juif. L'opéra est retiré de l'affiche. Strauss proteste, résiste, finalement se soumet au terme d'un chantage que lui fait Goebbels.  

Strauss n'est pas antisémite mais proche du régime nazi et il écrit à son ami que par sens du devoir artistique on peut empêcher de plus grands maux.

Zweig aura ce mot à propos de Strauss : «Il vit dans un château de rêves.» On connaît la fin. Après des années d'errance, Zweig se suicidera et Strauss sera absous en 1948 par la commission de dénazification.

      

Guy Gabriel Ouazana

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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 12:56

La toute première représentation d'une pièce de Stefan Zweig au théâtre fut « Jérémie » en 1917.

 
Le premier film date de 1929, il a pour titre «Narkose». Ce film allemand est une adaptation de «Lettre d’une inconnue».  

 

Les nouvelles de Stefan Zweig qui ont été le plus adaptées au cinéma et au théâtre, sont  sans doute «Vingt-quatre heures de la vie d’une femme» et «Lettre d’une inconnue».

 

Voici ci-dessous une liste des affiches que j'ai pu trouver sur les adaptation des œuvres de Stefan Zweig.

 

 

                                  24 HEURES DANS LA VIE D'UNE FEMME

 
film-24-h.jpg

 

 

 

                                       LETTRE D'UNE INCONNUE 

film-lettre-dune-inconnue-copie-1.jpg

 

 

 

                                    BRÛLANT SECRET ET AMOK 

film-brulant-et-amok.jpg      

En Mars 1933, est réalisé «Brennendes Geheimnis - Brûlant Secret».  


Les films adaptés du roman « La peur » ont bénéficié d’une belle distribution. En France en 1934 avec Charles Vanel et Gaby Morlay, puis en Italie réalisé par le grand Roberto Rossellini en 1954 avec Ingrid Bergman.

 

 

 

                                             VOLPONE

film-volpone.jpg

La pièce de théâtre «Volpone», a été aussi jouée d’innombrables fois, et aussi adaptée au cinéma. Louis Jouvet a ouvert la distribution puis Francis Huster, Gérard Depardieu, Gérard Jugnot, Francis Perrin et d’autres lui ont emboîté le pas. 

 

 

 

                                 LE JOUEUR D'ECHECS

 

film-joueur-dechecs.jpg

Récemment, on pouvait encore aller au théâtre pour voir « Le joueur d’échecs » à la comédie St Martin et « 24heures dans la vie d’une femme » à l'espace Marais.

 

 

 

                                          MARIE-ANTOINETTE

 

film-Marie-antoinette.jpg

 

Ainsi, Stefan Zweig, le jeune dandy, à qui certaines élites viennoises prédisaient un avenir médiocre, avec ses petites histoires publiées dans les journaux locaux, a largement pris sa revanche de son vivant.

             Depuis,…..il ne cesse de la savourer !

 

 

 


                                     LA PITIE DANGEREUSE 

 

film le pitie dangereuse

 

 

 

"La littérature n'est pas la vie, elle n'est qu'un moyen d'exaltation de la vie, un moyen d'en saisir le drame de façon plus claire et plus intelligible". Stephan Zweig

 

 

Autres adaptations à l'écran

 

FILM-2.jpg

 

 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 14:08

Ne vous précipitez pas sur vos calculatrices si sur vos encyclopédies, 2013 sera l’année de Stefan Zweig mais pas à cause d'un quelconque anniversaire. Il est né en 1881 et mort en 1942.

Si nous avons cette obsession en toute circonstance de fêter les décades, les jubilés, les centenaires  d'un évènement,  cette fois-ci, le compte juste n’y est pas.

Alors pourquoi 2013 ?

 

En France, on met 70 années pour ressusciter un écrivain et pour exhumer ses œuvres. Autrement dit, la loi sur la propriété intellectuelle * nous offre un cadeau inestimable ; Stefan Zweig dans le domaine public.

Quelques « happy few » ont engrangé depuis presque un siècle de substantiels bénéfices avec Zweig, au premier rang desquels on retrouve l’incontournable éditeur historique ‘Fisher Verlag GMBH’ de Francfort en Allemagne.

Alors depuis un mois c’est la fête. Des contenus numériques  gratuits fleurissent un peu partout.

Et les éditeurs ‘papier’ ne sont pas en reste. On n’a jamais vu autant de rééditions, et les listes de livres ‘à paraître’, sous des formes plus ou moins originales, s’allongent de jour en jour. Il se murmure même que chez Gallimard, on prépare son entrée au panthéon des auteurs dans la prestigieuse édition « La Pléiade ».

 

Et c’est là que certaines dérivent peuvent intervenir car pour les éditeurs, la tentation de jouer sur l’effet nouveauté est grande. Le lecteur doit être mis en garde notamment sur les mentions « nouvelles traductions » entraînant parfois un changement de titre du roman et même de la confusion (c’est le cas de le dire).

Verwirrung traduit en Français donne « confusion », mais aujourd’hui, il donne « désarroi » ce qui n’est pas tout à fait la même chose puisqu’on rajoute une détresse morale au trouble des idées. Bon, je chipote un peu ! 

 la-confusion-copie-1.jpg

 

Cet exemple mis à part, quelles que soient les qualités et les compétences des nouveaux traducteurs, si la volonté de l’éditeur est d’adapter les livres aux critères d’aujourd’hui, il est facile de comprendre que l’ouvrage ne sera pas conçu comme les précédents avec une dimension intemporelle et universelle.

Stefan Zweig  s’était attaché les services du génial traducteur Alzir Hella, qui devint son agent littéraire et son ami. Dans leurs correspondances, on peut lire que Zweig qui parle un Français très correct, s’implique totalement dans la transcription, se soucie du détail, et on peut mesurer l’immense difficulté d’un traducteur de restituer au mieux l’esprit de l’écrivain tout en restant fidèle au récit.

Sans aucun doute, cette collaboration intime, (à laquelle à participé dans une moindre mesure Olivier Bournac), a largement contribué au phénoménal succès des livres de Zweig auprès des lecteurs francophones.  Performance soutenue par les nombreuses adaptations à l’écran et surtout au théâtre (un prochain article sur ce blog traitera de ce sujet).

 

Dominique Bona dans sa biographie sur Stefan Zweig résume parfaitement ce travail : « Alzir Hella a su rendre la fluidité des textes au point de faire oublier au lecteur Français qu’il ne lisait pas Zweig dans sa langue originale, l’Allemand ».

 

De fait, cette proximité avec l’auteur n’est plus possible aujourd’hui. Alors souhaitons que les traducteurs de talent comme Jean-Pierre Lefebvre (dont on ne peut pas résumer la brillante carrière littéraire à la simple traduction) pour Gallimard,  Pierre Deshusses pour Robert Laffont et Diane Meur pour Garnier-Flammarion, puissent s’inscrire dans une certaine continuité tout en apportant un nouveau souffle. Le défi est de taille !

 

 

* Code de la propriété intellectuelle – Article 123-1 et suivants :

La durée de la propriété intellectuelle des ayants droit d’un auteur de livres se calcule à partir de la fin de l’année civile de son décès. Elle est passée en France de 50 à 70 ans.

Les œuvres posthumes (il doit s’agir d’ouvrages complets inédits et pas simplement d’éditions enrichies), sont soumises à la même législation sauf si elles sont divulguées à l’issue de cette période, auquel cas, une période d'attente supplémentaire de 25 ans est accordée aux héritiers. 

C'est le texte original qui tombe dans le domaine public et non les traductions ou les annotations.

Enfin, pour les écrivains « morts pour la France, un temps légal de 25 années supplémentaires est rajouté portant le total à 95 années. Ainsi, l'œuvre d'Apollinaire, mort en 1918, tombe dans le domaine public en 2013.

 

Guy Gabriel Ouazana

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